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le bois du Crannou, l’autre dans le bois du Fréau, et Jean établit son ermitage dans le bois de Huëlgoat.

Après plusieurs années de cette vie que pratiquaient seuls les saints des anciens temps, un jour que Jean était en prière, selon son ordinaire, il entendit une voix du ciel qui lui disait d’aller rejoindre ses deux frères, afin de se rendre avec eux dans la ville de Morlaix. Dieu le voulait ainsi. Les trois frères ermites prirent ensemble la route de Morlaix, et, en les voyant passer sur les chemins, les habitants du pays s’effrayaient et se demandaient si ce n’étaient pas trois morts sortis de quelque cimetière. En arrivant dans la ville de Morlaix, comme ils passaient par le marché aux poissons, deux femmes s’y querellaient au sujet d’une petite clé d’or qui venait d’être trouvée dans le ventre d’un poisson, et à la possession de laquelle elles prétendaient toutes les deux. Il y avait un grand rassemblement autour d’elles.

— Rapportez-vous-en, dit quelqu’un, au jugement de ces trois saints hommes qui passent.

Les deux femmes y consentirent, et on pria les trois ermites de s’approcher. On leur expliqua le sujet de la querelle, et on leur présenta la clé d’or. Jean reconnut sur le champ la clé de sa ceinture. Il la prit, la mit dans la serrure, et l’ouvrit facilement.