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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/296

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Le marquis se rendit au bois, et comme il était occupé à ramasser les menues branches mortes que le vent avait fait tomber des arbres, il vit tout à coup devant lui un beau seigneur inconnu qui lui parla de la sorte :

— Te voilà bien pauvre aujourd’hui, marquis de Tromelin, après avoir été un riche seigneur ! Eh bien ! si tu veux me promettre de me livrer, dans quinze ans d’ici, ce que ta femme porte en ce moment, tu n’auras plus besoin d’aller glaner du bois mort pour faire cuire ta bouillie d’avoine, car je te rendrai aussi riche que tu le fus jamais.

Le marquis, étonné, réfléchit quelque temps :

— Qu’est-ce donc que ma femme peut porter en ce moment ? se dit-il ; un peu de farine d’avoine, qu’elle est allée chercher au moulin ; je ne risque donc pas grande chose à dire oui.

Et il répondit au seigneur inconnu :

— Je le veux bien ; j’accepte le marché.

— Alors, signe ce papier avec ton sang.

Et il signa, et aussitôt l’inconnu partit en emportant le papier.

— Et l’argent que vous m’avez promis ? lui cria le marquis.

— Tu le trouveras en arrivant chez toi. Le vieux marquis retourna à la maison, impatient de voir si la promesse de l’inconnu s’accomplirait. Hélas ! il ne se doutait pas du