Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/297

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malheur qui venait de lui arriver : sa femme était enceinte, et il avait vendu son enfant au diable, car cet inconnu était le diable lui-même !

Quand le marquis arriva chez lui, il trouva sa femme tout occupée à ramasser des pièces d’or qui, par la cheminée, tombaient, comme la grêle, sur la pierre du foyer. Il en tomba tant et tant, qu’ils devinrent en un moment riches comme auparavant, et ils rachetèrent leur vieux château et quittèrent leur pauvre chaumière pour aller l’habiter.

La marquise accoucha quelque temps après, et donna le jour à un fils, un enfant superbe. On le baptisa, en grande cérémonie.

L’enfant fut mis en nourrice, et il venait à ravir.

À l’âge de sept à huit ans, on l’envoya à l’école, et il apprenait tout ce qu’il voulait. Mais, à mesure qu’il avançait en âge, son père devenait plus triste tous les jours, et souvent il pleurait en regardant son fils. Quand l’enfant fut entré dans sa quinzième année, le marquis dit qu’il voulait l’embarquer sur un navire marchand, pour aller visiter des pays lointains. Mais sa mère dit que, n’ayant qu’un enfant, elle ne le laisserait pas s’aventurer sur la mer, de peur de le perdre. Et il fallut lui obéir.

Cependant le temps avançait ; les quinze ans