Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/300

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je vais, à présent, vous faire une incision à la poitrine, y introduire la sainte hostie, entre chair et peau, puis je recoudrai la peau dessus.

Et il fit comme il l’avait dit, puis il ajouta :

— Voici, à présent, une lettre que vous porterez à un frère brigand que j’ai, et qui habite dans une forêt, à quatre-vingts lieues d’ici. Quand vous entrerez dans le bois, vous le verrez assis à une table, occupé à partager de l’or et de l’argent à ses camarades, qui seront debout autour de lui. Approchez-vous tout doucement par derrière, et faites en sorte de jeter la lettre sur la table avant qu’il vous ait aperçu. Si vous pouvez faire cela, tout ira bien ; si, au contraire, vous ne le pouvez pas, malheur à vous ! Mais, malgré tout, le diable viendra encore à bout de vous trouver, et il vous faudra aller dans l’enfer avec lui !

Le marquis prit la lettre des mains de l’ermite, puis il lui fit ses adieux et partit à la recherche du brigand. Après bien des fatigues, il arriva enfin à la forêt où il faisait son séjour. Parvenu dans la profondeur du bois, il vit une bande de voleurs debout autour d’une table, sous un vieux chêne ; leur chef était au milieu d’eux, et leur partageait de l’or et de l’argent. Il s’approcha doucement, sur la pointe du pied, et parvint à jeter sa lettre sur la table, avant d’avoir été aperçu.