Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/312

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une nourrice par mois, puis une tous les deux mois, puis tous les six mois ; mais ce fut en vain.

— Qu’on m’en donne au moins une par an, s’écria-t-il alors, où je mettrai toute la ville à feu et à sang !

Le roi, effrayé, promit de lui en donner une par an, et il le relégua dans une petite maison qu’il lui fit bâtir exprès, au milieu d’une grande lande, à quelque distance de la ville.

Mais laissons ce démon incarné dans sa petite maison, au milieu de la grande lande, et occupons-nous, à présent, du véritable fils du roi qui, comme nous l’avons déjà dit, avait été transporté dans un nid de pie, dans le jardin d’un archevêque d’Allemagne.

Un matin, le jardinier de l’archevêque, en travaillant dans le jardin, fut bien étonné d’entendre des cris, comme des vagissements d’un enfant nouveau-né. Il chercha autour de soi, parmi les arbrisseaux et les fleurs, et ne trouva rien. Il prêta une oreille plus attentive, et il lui sembla que les cris provenaient d’un nid de pie qui était au sommet d’un orme, dans un coin du jardin.

— C’est bien étrange ! se dit-il ; quelque chatte qui aura, sans doute, déposé sa couvée dans ce nid de pie. Il faut que je m’en assure.

Et il grimpa sur l’arbre, monta jusqu’au nid,