Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/320

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Quant à moi, je vous fais à présent mes adieux ; je vais voyager au loin, et d’ici à longtemps personne ne saura ce que je serai devenu.


En ce temps-là, le pape venait de mourir, à Rome, et on avait fait publier, par toute la terre, qu’on allait lui donner un successeur ; le jour de l’élection était fixé. Alors, paraît-il, les choses ne se passaient pas comme aujourd’hui, où tout se fait, dit-on, par protection et par faveur. Alors, c’était la volonté de Dieu qui se manifestait par des signes visibles et que l’on suivait toujours.

Innocent, ayant entendu parler des grandes solennités qui devaient avoir lieu pour l’élection du nouveau pape, voulut aller à Rome, comme tout le monde.

On ne rencontrait partout, sur les chemins, qu’évêques, moines et prêtres qui se dirigeaient vers Rome, et chacun nourrissait dans son cœur un secret espoir. Comme Innocent allait seul, à pied, il rencontra sur la route un vieux moine accompagné d’un jeune moine, et qui étaient aussi à pied. D’autres passaient, les uns à cheval, les autres en beaux carrosses, et semblaient narguer les piétons. Il aborda les deux moines, les salua gracieusement et leur dit :

— Bonjour, mes pères, et Dieu vous assiste !