Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/319

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que vous puissiez me faire aucun mal, il viendra un jour où vous serez heureux de me verser de l’eau pour me laver les mains, et vous, ma mère, vous serez heureuse de me présenter une serviette pour les essuyer !

Ces paroles rendirent le vieux roi furieux.

— Parler de la sorte à son père et à sa mère ! s’écria-t-il ; demain matin, à dix heures, il sera écartelé à quatre chevaux, devant tous les gens de la cour !

Sa mère aussi était outrée de colère. Cependant, ce supplice lui déplaisait. Elle alla elle-même trouver le vieux charbonnier, dans le bois, et lui promit une forte somme d’argent, s’il voulait s’engager à précipiter le prince dans sa fournaise, le lendemain matin, quand il viendrait le voir, selon son habitude.

Le charbonnier promit ; mais il était bien résolu de n’en rien faire.

Le lendemain matin, quand le prince alla au bois, à son ordinaire, il trouva le vieux charbonnier tout triste et tout soucieux. Il lui en demanda la raison. Le charbonnier lui conta la visite de sa mère et sa demande.

— Je le savais, lui répondit Innocent, tranquillement. Quand ma mère viendra s’informer si la chose est faite, vous lui répondrez affirmativement, et vous recevrez la récompense promise.