Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/326

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descendre dans les hôtelleries, ils étaient fort embarrassés.

— Je crains bien qu’il ne nous faille coucher à la belle étoile cette nuit, dit le vieux moine.

— Non, non, mon père, n’ayez pas d’inquiétude, dit Innocent.

Ils passaient en ce moment devant la boutique d’un orfèvre. Innocent ramassa une pierre sur la rue, la lança dans l’étalage et fit un beau dégât. On se précipita de tous côtés sur les trois étrangers, et on les mit en prison.

— Ne vous avais-je pas dit, mon père, dit Innocent, que nous trouverions où loger ?

Mais cela ne rassurait guère ses deux compagnons, surtout le jeune moine, qui tempêtait et injuriait Innocent.

— Bah! rassurez-vous, répondait celui-ci ; avant qu’il soit jour, nous serons rendus à la liberté.

En effet, vers minuit, ils entendirent un grand vacarme dans la ville. Tout le monde était sur pied ; on courait confusément de tous les côtés ; le canon tonnait ; le feu était aux quatre coins de la ville ! Un prince ennemi était sous les murailles avec une grande armée, et menaçait de tout mettre à feu et à sang. Dans cette extrémité, on rendit la liberté à tous les prisonniers. Aussitôt qu’il fut libre, Innocent se rendit tout droit