Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/327

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auprès du général en chef de l’armée assiégeante, et lui parla de la sorte :

— Que prétendez-vous faire ?

— Détruire la ville de fond en comble.

— Non, non, vous ne ferez pas cela ; bien plus, vous ne tirerez plus un seul coup de canon, et ce que vous avez de mieux à faire, c’est de vous retirer chez vous au plus vite.

— Tirez, canonniers ! cria le général pour toute réponse.

Les canonniers firent leur devoir ; mais aucune pièce ne partait plus, ce qui étonna fort tout le monde. — C’est un sorcier ! se disait-on, en parlant d’Innocent.

On fit payer au général ennemi tout le dommage causé par ses soldats, puis il dut s’estimer heureux de pouvoir se retirer sans aucun mal, mais pas fier du tout, je vous assure.

— Quel homme que notre jeune compagnon ! disait le vieux moine.

— C’est un sorcier ! répliquait le jeune, et nous aurons de la chance s’il ne nous fait pas pendre ou brûler, avant d’arriver à Rome.

Et ils se remirent en route tous les trois. Ils approchaient de Rome. Ils vinrent à passer sur la chaussée d’un grand étang, où il y avait un nombre infini de grenouilles ; et elles chantaient si harmonieusement, qu’ils s’arrêtèrent pour les écouter.