Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sans-Souci, que vous ne me tuerez pas au lit, comme trois lâches, et que vous me laisserez me lever, afin que je puisse me défendre ? Vous êtes trois contre un.

— Oui, lève-toi, répondirent-ils.

Sans-Souci sauta hors du lit. La nuit précédente, ne trouvant pas où loger, il avait passé la nuit dans une église, et le matin, en partant, il avait rempli d’eau bénite une bouteille vide qu’il avait sur lui et qu’il avait achetée pleine de cidre. Dès qu’il fut sur ses pieds, il déboucha sa bouteille et se mit à asperger les diables d’eau bénite. Ceux-ci sautaient jusqu’au plafond, cherchaient à fuir et poussaient des cris affreux.

— Assez! assez ! criaient-ils ; laisse-nous partir à présent, Sans-Souci ! Pitié ! assez ! assez !

— Oui, si vous me promettez de ne plus revenir dans ce château.

— Oui, nous te le promettons ; nous n’y reviendrons plus jamais !

— Signez alors de votre sang.

— Oui, nous signerons de notre sang.

Et ils signèrent tous les trois de leur sang, sur un morceau de parchemin que l’on trouva par là, et alors Sans-Souci les laissa partir par où ils étaient venus, c’est-à-dire par la cheminée. Après cela, il put souper tranquillement, puis il se remit au lit et dormit très-bien.