Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/349

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n’ai sans doute pas besoin de vous dire que le plus jeune était Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même, qui voyageait alors en Basse-Bretagne, et l’antre saint Pierre, qui l’accompagnait partout dans ses voyages.


Il y avait plusieurs années que Sans-Souci avait reçu la visite de notre Sauveur et de saint Pierre, et il vivait heureux et content, travaillant toujours, quoique déjà vieux, lorsqu’un jour il reçut une autre visite moins agréable. C’était celle de l’Ankou (la Mort) lui-même. Il n’eut pas de peine à le reconnaître à sa faux et à ses os décharnés et blanchis. Cependant, il ne se troubla pas, et continua de travailler et de battre le fer sur son enclume, comme si c’eût été un client ordinaire. Mais l’importun visiteur, brandissant sa grande faux, lui dit :

— Allons ! Sans-Souci, prépare-toi à me suivre, car ton tour est venu.

— Mon tour de quoi donc ? répondit Sans-Souci, feignant de ne pas comprendre.

— Tu ne me connais donc pas ? Je suis l’Ankou, mon ami !

— Ah ! c’est vous qui êtes le grand Faucheur ? Bien ! bien ! J’ai souvent entendu parler de vous ; mais, excusez-moi, je ne vous connaissais pas, ma foi !