Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/365

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— Qui donc êtes-vous ?

— Saint Pierre.

— Le portier du paradis, celui qui tient les clefs ?

— Oui, celui-là même.

— Eh bien ! alors... vous n’êtes pas juste non plus, vous.

— Je ne suis pas juste, moi ! reprit saint Pierre avec un peu d’humeur ; et pourquoi donc, s’il vous plaît, bonhomme ?

— Pourquoi ? Ah ! je vous le dirai bien : parce que, pour des peccadilles de rien du tout, pour des misères, vous refusez, m’a-t-on dit, votre porte à de très-honnêtes gens, des hommes de peine, comme moi. Et pourquoi ? Parce que, après avoir travaillé dur toute la semaine, ils boivent peut-être une chopine de cidre de trop le dimanche... et puis, faut-il vous dire encore ? Vous êtes le prince des apôtres, le chef de l’Église, n’est-ce pas ?

Saint Pierre hocha la tête, en signe d’assentiment.

— Eh bien ! dans votre église, c’est comme partout ailleurs ; on n’y a rien que pour de l’argent, et le riche y passe encore avant le pauvre... Non, vous ne serez pas aussi, vous, le parrain de mon fils ; adieu !…

Et il poursuivit sa route, toujours grommelant.