Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/369

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

visite à son compère. Ils allèrent longtemps de compagnie, par monts et par vaux, traversant des plaines arides, des forêts, des fleuves, des rivières et des régions tout à fait inconnues au médecin.

Enfin, le Trépas s’arrêta devant un vieux château entouré de hautes murailles, au milieu d’une sombre forêt, et dit à son compagnon : « C’est ici. »

Ils entrèrent. Le maître du sombre manoir régala d’abord magnifiquement son hôte, puis, au sortir de table, il le conduisit dans une immense salle où brûlaient des millions de cierges de toutes les dimensions, longs, moyens, courts, et dont les lumières étaient plus ou moins nourries, et jetaient plus ou moins de clarté. Notre homme resta d’abord tout étonné, ébloui et muet devant ce spectacle. Puis, quand il put parler :

— Que signifient toutes ces lumières, compère ? demanda-t-il.

— Ce sont les lumières de la vie, compère.

— Les lumières de la vie ? Qu’est-ce à dire ?

— Chaque créature humaine qui vit présentement sur la terre a là son cierge, auquel est attachée sa vie.

— Mais il y en a de longs, de moyens, de courts, de brillants, de ternes, de mourants.... Pourquoi ?