Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/41

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au moment de partir, Notre-Seigneur parla ainsi à la veuve :

— Nous voulons vous donner quelque chose, pour reconnaître la bonne réception que vous nous avez faite ; dites-nous ce que vous désirez.

— Rien, mon Dieu, mes gracieux seigneurs ; je regrette bien de n’avoir pu vous recevoir comme vous le méritez, car vous avez fait triste chère, chez moi.

— Nous sommes très-contents de votre réception, et voici notre cadeau : nous demanderons à Dieu que la première chose que vous ferez, après notre départ, vous la fassiez toute la journée, jusqu’au coucher du soleil.

— Je vais donc me mettre à prier Dieu, mes gracieux seigneurs, car je ne saurais mieux commencer la journée.

Et la veuve se mit aussitôt à genoux pour prier ; mais elle se disait en elle-même : — Dès qu’ils seront sortis de la maison, je me mettrai à compter de l’argent.

À peine les voyageurs eurent-ils tourné les talons, qu’elle voulut se relever pour courir à son armoire, où était son argent. Mais elle ne le put pas ; tous ses efforts furent vains, et il lui fallut rester à genoux et prier toute la journée jusqu’au coucher du soleil ; mais, comme ce n’était pas de bon cœur, sa prière était pour le diable.