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et moi j’allai à la rivière pour y passer à l’eau un peu de toile destinée à faire des chemises à mes enfants. Mais lorsque je voulus retirer ma toile de l’eau, jugez de mon étonnement en voyant que cela n’en finissait pas. J’avais beau tirer, tirer, il y en avait toujours, et je continuai de tirer de la toile de l’eau jusqu’au coucher du soleil.

La veuve écoutait, émerveillée et la bouche ouverte.

— Où sont ces gens-là, demanda-t-elle, que je coure après eux ?

— Ils sont partis, et ils doivent être loin, à présent. Mais ils ont dit qu’ils retourneraient par ici, samedi soir.

— C’est bien, répondit la veuve. Et elle s’en alla sans rien dire de plus.

Le samedi suivant, elle passa toute la journée sur la route à attendre les trois voyageurs. Vers le soir, elle les vit venir, et elle alla au-devant d’eux et leur dit :

— Jésus, mes pauvres seigneurs, vous paraissez bien fatigués ! Venez avec moi à ma maison ; je demeure tout près d’ici, et je vous recevrai de mon mieux ; vous ne serez nulle part dans le pays mieux que chez moi.

Les trois voyageurs acceptèrent l’hospitalité de la veuve, et ils soupèrent bien et dormirent ensuite chacun dans un bon lit de plume. Le lendemain,