Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/59

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n’aimait que l’argent, et cette passion avait endurci son cœur et en avait fait une pierre, pour ainsi dire. Son nom était Porpant.

Notre Sauveur allait par le pays, prêchant partout la charité. Or, Porpant l’ayant entendu dire, dans un de ses sermons, que celui qui donnerait au pauvre en serait un jour récompensé et recevrait trois fois ce qu’il aurait donné, il prêta l’oreille et se dit en lui-même :

— Voilà mon affaire ! J’ai à la maison, dans un coin de mon armoire, soixante écus dont je ne fais rien, et j’aimerais bien à en avoir trois fois autant : cent quatre-vingts écus, c’est une jolie somme cela ! Je vais donc distribuer mes soixante écus aux pauvres, puisque ce prophète, de l’avis de tout le monde, ne dit jamais que la vérité et fait tous les jours des miracles.

Et il fit publier par le pays que tous les pauvres étaient invités à se rendre chez lui, le lendemain, pour qu’il leur distribuât une somme de soixante écus. Tout le monde fut bien étonné.

Comme bien vous pensez, les pauvres ne manquèrent pas de venir. Il en vint de tous les côtés, de tout âge et de toute misère. Et Porpant leur distribua ses soixante écus, jusqu’au dernier liard. Puis il attendit, plein de confiance.

Le lendemain matin, en se levant, il courut à son