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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/60

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armoire, pour voir si l’argent promis était arrivé.

Mais rien n’était encore venu.

— Ce sera sans doute pour demain, se dit-il.

Mais le lendemain, rien encore, et le troisième jour pas davantage. Si bien que Porpant était déjà fort inquiet, et il se demandait :

— Est-ce que cet homme m’aurait trompé ? Oui, sans doute. Ah ! je suis ruiné, alors ; je suis le plus malheureux des hommes ! Mais il faut que je le retrouve, ce faux prophète !

Et il se mit à la recherche du prédicateur étranger. Il le rencontra qui se rendait à un bourg, dans les montagnes, avec ses deux compagnons. Un agneau dont on leur avait fait cadeau, dans un village voisin, les suivait.

Porpant alla droit à notre Sauveur, et, l’apostrophant d’un ton brusque :

— Vous avez dit, dans votre sermon de dimanche dernier, que celui qui donnerait aux pauvres recevrait trois fois ce qu’il aurait donné. J’avais à la maison soixante écus, dans le coin de mon armoire ; je les ai distribués aux pauvres, et je n’ai encore rien reçu. Et pourtant, voici le quatrième jour que j’ai donné mon argent. Est-ce que vous vous seriez moqué du monde ?

— Non, Porpant, lui répondit Jésus avec douceur ; mais, patientez un peu, et vous verrez qu’il en arrivera comme j’ai dit. N’ayez donc pas d’in-