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Porpant fut aussi invité à partager leur repas. Chacun taillait et découpait où il lui plaisait, et l’on faisait honneur à la cuisine de Porpant. Notre Sauveur, seul, paraissait triste et ne mangeait pas.

— Eh bien ! vous ne mangez donc pas, vous ? lui dit Porpant brusquement.

— Si... si, je vais manger aussi.

Et il cherchait quelque chose dans le plat et semblait contrarié de ne pas trouver ce qu’il cherchait.

— Que cherchez-vous donc ? lui demanda Porpant.

— Le cœur ; j’aime beaucoup le cœur, moi.

— Le cœur ? Je n’ai pas vu de cœur. Il n’avait pas de cœur, cet agneau-là !

— Excusez-moi, Porpant ; il devait avoir un cœur, comme tous les autres agneaux, car Dieu n’a créé ni homme ni animal sans un cœur.

— Je vous assure, moi, qu’il n’avait pas de cœur ! reprit Porpant avec vivacité.


Pendant qu’ils étaient encore à table, arriva la dame d’un château voisin, qui était riche, mais qui avait perdu la vue. Elle avait consulté des médecins et des savants renommés, et nul ne pouvait la guérir. Elle se jeta, en pleurant, aux pieds de notre Sauveur et lui promit une somme