Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/61

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quiétude à ce sujet ; votre argent se retrouvera. Emmenez, en attendant, cet agneau ; faites-le cuire, et nous irons le manger, ce soir, dans votre maison.

— À la bonne heure ! répondit Porpant.

Et il retourna chez lui, rassuré et emmenant l’agneau, pendant que les trois autres allaient prêcher la parole de Dieu, dans un bourg voisin.

Porpant, de retour à la maison, tua l’agneau, l’écorcha, puis il le mit à la broche devant un bon feu. Il était tendre et appétissant.

— Cet agneau doit être bien bon ! se disait-il, en le regardant cuire ; j’en aurai aussi ma part, sans doute.

Quand il le crut cuit à point, il le retira du feu, le débrocha et le déposa sur un plat. Et il se léchait les doigts, et l’eau lui en venait à la bouche en le regardant.

— Et quand j’en mangerais un morceau, pour voir s’il est cuit à point ? se disait-il. Je m’y prendrai, du reste, de telle façon qu’ils n’en sauront rien. Tiens ! voici précisément un morceau qu’on peut détacher sans qu’il y paraisse et qui doit être excellent.

Et il le détacha et le mangea. C’était le cœur.

Peu de temps après, les trois étrangers arrivèrent. L’appétit était bon, car ils avaient marché beaucoup. Aussi, se mit-on tout de suite à table.