Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/82

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dents. C’était bien une vraie saucisse ; elle était délicieuse. Puis il en prit une autre, et du lard, et des boudins !… Il y avait aussi du cidre !... Quand il fut rassasié, à ne plus pouvoir rien manger ni boire, la nappe disparut avec tout ce qu’il y avait dessus, sans qu’il sût comment.

— À la bonne heure ! se dit-il ; me voici un gaillard, à présent ! Plus de pain moisi, ni de soupe sans sel, ma marâtre ! Pourvu que cela puisse durer !…

Quand le soleil se coucha, Jannig rassembla ses moutons, et revint à la maison en chantant et en sifflant. Il alla tout de suite se coucher, sans attendre son souper. Sa marâtre ne lui demanda seulement pas s’il était malade, en le voyant se mettre au lit sans souper. Le lendemain matin, il se rendit à la lande avec ses moutons, comme tous les jours, mais plus joyeux que d’ordinaire. Quand l’heure du dîner fut venue, il fit le même régal que la veille. Il demanda même du rôti et du vin en plus. Puis il s’amusa, le reste du jour, à tirer des hirondelles et d’autres oiseaux avec son arc. Il n’en manquait pas un seul, et il était lui-même émerveillé de son adresse. Avant de ramener ses moutons à la maison, il fit encore un autre repas. Au bout de quelques jours de ce régime, la marâtre de Jannig remarqua que le gars engraissait et avait bonne mine ; de plus,