Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/100

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quelque temps, puis moins souvent. Comme l’enfant était bien chez sa nourrice, qui la soignait et l’aimait comme si elle eût été sa propre fille, il l’y laissa et, vers l’âge de sept ou huit ans, elle fut envoyée à l’école. Elle apprit vite à lire, et on lui remit alors le petit livre de sa mère, dont le sceau n’avait pas été rompu. Personne ne sait bien ce qu’elle y lut ; mais, à partir de ce moment, elle devint triste et pensive.

Son père venait la voir assez rarement à présent. Une lettre arriva de lui, un jour, pour dire qu’il allait se remarier et pour prier la nourrice et son mari d’accompagner Déodié à la noce. Mais Déodié, au lieu de recevoir la nouvelle du mariage de son père avec joie et plaisir, comme l’eût fait tout autre enfant de son âge, en devint, au contraire, toute triste et, le jour fixé venu, elle refusa même d’aller à la noce de son père. Les instances de sa nourrice et de son père nourricier pour la décider à les accompagner furent inutiles, ce que voyant, ils partirent sans elle.

Pendant leur absence, Déodié quitta secrètement leur maison, n’emportant que le petit livre de sa mère, et résolue à se placer en condition dans quelque ferme du pays, afin de pouvoir vivre de son travail. Elle partit de bon matin, et, après avoir marché toute la journée, elle arriva, tôt après le coucher du soleil, à une maison