Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/126

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— Oui, trois fois plus long que la grâce de Dieu, répondit Robert.

— Que dis-tu là, mon frère ? Où as-tu entendu cela ?

— Tout le monde te le dira, que le pont de Londres est trois fois plus long que la grâce de Dieu.

— C’est péché à toi de parler de la sorte, mon frère ; rien au monde n’est aussi grand que la grâce de Dieu, ni n’en approche même.

— Eh bien ! parions pour voir.

— Je le veux bien ; mais tu perdras.

— Ton cheval avec sa charge et tout ton argent, contre mon cheval avec sa charge et tout mon argent, que les trois premières personnes que nous rencontrerons me donneront raison.

— C’est entendu, puisque tu y tiens.

Ils rencontrèrent d’abord un prêtre. Robert alla droit à lui et lui parla de la sorte :

— N’est-il pas vrai, monseigneur, que le pont de Londres est trois fois plus long que la grâce de Dieu ?

— Oui, vraiment, répondit le prêtre sans hésiter, et celui qui soutient le contraire est dans l’erreur.

— Vois-tu ? dit Robert, triomphant, à son frère.

— Ce n’est qu’un, répondit 0llivier, et, à te parler franchement, je soupçonne même cet homme