Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/170

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parler de ces danseurs nocturnes et de leurs malices, et elle en avait peur un peu.

Un soir du mois de novembre, Fantic s’en revenait du village de Pont-an-c’hlan, seule, comme presque toujours. Elle se trouvait un peu attardée, et, quand elle fut dans le bourg, elle voulut traverser le cimetière, afin d’arriver plus vite à sa maison. La lune, sortant de derrière un nuage, projetait en ce moment une lumière terne et blafarde sur le clocher de granit et sur la vieille église. À peine Fantic eut-elle gravi les marches de l’escalier de pierre et fait quelques pas parmi les croix de bois plantées sur les tombes, qu’elle se trouva près de la tombe de sa mère, morte depuis plus d’un an déjà. Elle fut bien étonnée d’y voir un drap blanc étendu sur la dalle funéraire.

— Tiens ! se dit-elle, comment ce drap de lit se trouve-t-il là ? Je vais l’emporter, et si personne ne le réclame, je le garderai : j’en ai assez besoin.

Et elle prit le drap blanc, souillé pourtant de quelques taches de sang, le plia proprement, le mit sous son bras et l’emporta.

— Elle eût bien mieux fait de dire un De profundis pour l’âme de sa défunte mère, dit quelqu’un de l’auditoire.

— Oui, en vérité ! répondirent tous les assistants en chœur.