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XI


FANTIC LOHO
ou le linceul des morts.



Il y avait jadis, au bourg de Pluzunet, une jeune couturière, nommée Fantic Loho, qui était d’humeur gaie et joyeuse, et qui riait et chantait plus qu’elle ne priait, hélas ! C’était, d’ailleurs, une excellente fille, aimée de tous ceux qui la connaissaient, et le cœur sur la main, comme on dit. Tous les jours, elle allait travailler à la journée, dans les métairies de la paroisse, et, le plus souvent, elle s’en revenait toute seule, à la nuit tombante, riche et heureuse des six sous qu’elle rapportait, pour prix de son travail. Elle chantait, de sa voix fraîche et claire, des sôniou et des refrains de danse, en traversant les champs et les landes, pour se tenir compagnie, comme elle disait, et pour mettre en fuite les Kornandoned (nains), qui dansent, en chantant éternellement le même refrain, au clair de la lune, dans les carrefours et sur les landes, autour des grandes pierres, et invitent les passants à prendre part à leurs ébats. Maintes fois, durant les veillées d’hiver, elle avait entendu