Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La troisième nuit, sa mère lui apparut encore, plus désolée, plus horrible à voir et plus menaçante que les deux nuits précédentes, et elle cria encore en tendant des bras décharnés vers sa fille : Rends-moi mon linceul ! Rends-moi mon linceul !! Raids-moi mon linceul !!!

Puis elle disparut, en poussant un cri épouvantable.

Cette fois, Fantic était sûre qu’elle ne dormait pas ; elle attendait l’apparition. Elle eut grand peur, et elle pleura et pria pour l’âme de sa mère le reste de la nuit. Quand le jour fut venu, elle alla trouver le recteur de sa paroisse et lui raconta tout. Le prêtre l’écouta attentivement, réfléchit à ce qu’il venait d’entendre, puis il dit :

— Vous avez commis un grand péché, ma fille, en dérobant le linceul d’un mort, car ce drap est le linceul même dans lequel votre mère fut ensevelie. Il vous faudra le porter, cette nuit même, où vous l’avez pris.

— Ah ! je n’oserai jamais ! répondit Fantic.

— Du courage, ma fille, et faites ce que je vous dis, car autrement votre pauvre mère, privée de son linceul, serait nue durant l’éternité, et elle n’oserait pas se présenter devant Dieu. Vous irez lui rendre son linceul, n’est-ce pas ?

— Je n’oserai pas ! — Prenez courage, et je vous aiderai. Je serai