Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/173

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dans l’église, à genoux au pied de l’autel et priant pour vous ; et, pour vous donner des forces, je vous adresserai la parole de temps en temps.

Fantic promit.

Au premier coup de minuit, elle entrait dans le cimetière, tout émue, tremblante et tenant à la main le linceul. Le prêtre était à genoux au pied de l’autel depuis longtemps déjà, priant pour la jeune fille. Fantic fit quelques pas vers la tombe de sa mère, puis elle s’arrêta.

— Allez jusqu’à la tombe de votre mère, et déposez-y le linceul ; courage, mon enfant ! lui cria le prêtre de l’église.

— Je n’ose pas ; mes jambes fléchissent ; je vais tomber !

— Que voyez-vous, mon enfant ?

— Toutes les pierres tombales sont recouvertes de linceuls blancs ; seule, celle de ma mère n’en a pas.

— Du courage, mon enfant ; avancez encore ; allez jusqu’à la tombe de votre mère, et déposez-y le linceul.

Et Fantic fit deux ou trois pas en avant, puis elle s’arrêta encore et s’écria :

— Hélas ! hélas ! je n’en puis plus ; je meurs de frayeur !

— Que voyez-vous, mon enfant !