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titre de : Le Drap mortuaire, une version de cette légende, qui ne diffère de la nôtre que par la forme, laquelle est tout à fait dans le ton romantique de l’époque. Ce morceau, comme quelques autres, qui ne sont pas sans intérêt, a complètement disparu des nombreuses éditions qui ont été faites depuis de l’ouvrage le plus populaire de M. Souvestre.

Dans les Légendes, contes et chansons populaires du Morbihan, de M. le docteur Fouquet (Vannes, A. Caudéran, 1857), on trouve aussi sous le titre de : Alice de Quinipily, une légende de suaire dérobé, dont voici le résumé :

Deux jeunes fiancés, valet et servante de ferme, voulaient, avant de se marier, économiser sur leurs gages de quoi acheter un petit mobilier et prendre une petite ferme à leur compte. Mais, s’impatientant d’attendre, ils conçurent un projet sacrilège dont l’exécution devait les mener promptement à leur but. La fille du seigneur d’un château voisin, nouvellement mariée, était morte, peu après son mariage, et avait été enterrée dans le cimetière de la paroisse avec ses bijoux et sa toilette de nouvelle mariée. Une nuit, les deux amoureux profanèrent la tombe de la jeune châtelaine et lui enlevèrent ses bijoux et jusqu’à la belle robe de soie blanche et de dentelle qui lui tenait lieu de suaire. Mais, à partir de ce moment, tourmentés par le remords et la frayeur que leur causait l’apparition de la morte, qui, chaque nuit, venait leur réclamer son suaire, ils perdirent le sommeil, devinrent malheureux et se décidèrent enfin à aller tout avouer à leur confesseur. Celui-ci leur dit : « Il faudra aller tous les deux ensemble, à minuit, déposer le suaire là où vous l’avez pris. »

Ils y allèrent ensemble ; mais on ne les revit plus jamais, et près de la tombe profanée, on retrouva seulement le chapelet de la servante et le chapeau du valet de ferme.

Dans un petit livre fort intéressant publié par Mme de Cerny, sous le titre de : Saint-Suliac et ses traditions (Dinan, Huart, 1861) nous trouvons aussi deux traditions relatives au drap mortuaire. Dans la première, intitulée : Les trois mortes (pages 33-35),