Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/176

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il est dit que des jeunes gens, qui passaient à minuit par le cimetière de leur village, aperçurent trois femmes, en prière devant le reliquaire. Ils s’en approchèrent et leur parlèrent ; mais elles n’eurent pas même l’air de s’apercevoir de leur présence. Ce sont des mortes ! » dit un de trois. Un autre enleva sa coiffe à une des trois femmes, en disant à ses camarades qu’il ne la lui rendrait, si elle venait la réclamer, qu’après l’avoir embrassée. Il rentra chez lui, mit la coiffe dans son armoire et trouva à sa place, le lendemain matin, une tête de mort. Il en fut effrayé, alla à confesse, et le curé lui dit qu’il fallait, le soir même, porter le crâne au cimetière, où il redeviendrait coiffe, qu’il replacerait sur la tête de la morte. Il lui recommanda aussi de prendre avec lui un enfant à la mamelle. Il se rendit au cimetière, revit les trois mortes et restitua la coiffe. Les trois femmes disparurent en lui disant que, sans l’enfant, elles l’auraient enlevé de dessus la terre.

Dans la seconde tradition recueillie par Mme de Cerny, à Saint-Suliac, c’est-à-dire près de Saint-Malo, et qui porte le titre de : La jeune fille du cimetière, trois jeunes filles, revenant seules d’une veillée d’hiver, passaient par le cimetière de leur paroisse, pour éviter une mare qui rendait la route difficile. C’était pendant les Avents, époque, dit le récit, où les coqs affolent et chantent sans souci de l’heure. Elles aperçurent une fille inconnue, agenouillée et priant sur une tombe. Le lendemain, elles la revirent encore à la même place et dans la même posture. Elles adressent la parole à l’inconnue, qui ne répond pas. La troisième nuit, une des trois jeunes filles va pour enlever sa coiffe à l’apparition, malgré les efforts que font pour la retenir ses compagnes, qui avaient cru apercevoir une tête de mort sous la coiffe. Elle emporte chez elle la coiffe de l’inconnue, la jette dans un coin, se couche et dort tranquille.

Le lendemain, à minuit, elle entend crier à son oreille : « Rends-moi ma coiffe ! rends-moi ma coiffe ! » et cela jusqu’à l’aurore.

La nuit suivante, elle prie une de ses amies de venir coucher