Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/181

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toujours sa part, tôt ou tard. Et si votre amie est damnée ?...

— Jésus, que dites-vous, mon père ? Je ne vois pas qu’elle fasse rien de pis que les autres. (Elle faisait ses tours en cachette.)

— Prenez bien garde, vous dis-je, ma pauvre enfant ! Soyez joyeuse et gaie en sortant du confessionnal, et dites à votre amie que je suis un confesseur plaisant et indulgent, et qu’elle devrait venir à moi.

Yvonne sort du confessionnal en souriant.

— Pourquoi souriez-vous ainsi ? Vous êtes donc bien contente ? lui demanda Julie.

— C’est mon confesseur qui en est la cause ; quel homme plaisant, et comme il est drôle !

— Vraiment ? Je veux aussi le prendre pour confesseur, alors, car celui à qui je me suis adressée, s’il est joli garçon, n’est pas amusant du tout.

Le lendemain, Julie entra donc dans le confessionnal du vieux prêtre. Celui-ci s’écria aussitôt :

— Ô sale bête ! charogne ! va-t-en vite !

Et Julie, toute troublée, se leva pour sortir.

— Restez, mon enfant, lui dit le prêtre avec douceur ; ce n’est pas à vous que s’adressent ces paroles. Confessez-vous, et ne faites pas attention si vous m’entendez encore parler de la sorte.