Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/190

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prend souvent la forme d’un barbet noir, pour tromper les hommes. Il voulut le chasser un jour ; mais l’animal lui montra les dents, et ses yeux brillèrent dans leurs orbites comme deux charbons ardents, si bien qu’il eut peur, se troubla et alla boire chez Marguerite Keravel.

Le lendemain et les jours suivants, le Teuz vint encore ; mais Kaour ne pouvait plus supporter son regard, et, dès qu’il arrivait, il jetait tout à terre, sa forme, son alène et son ligneul, et allait boire au cabaret. Sa gaîté naturelle disparut, et il devint triste et sombre. Les dimanches, on ne le voyait plus que rarement à l’église de Saint-Mathieu, et il passait presque tout son temps au cabaret. Tout le monde était étonné d’un changement si subit et si complet, et personne n’y comprenait rien. Quand on l’interrogeait à ce sujet, il se taisait. Enfin, pendant son sommeil, sa femme l’entendait souvent crier : — Le voilà encore ! Voyez-vous ses yeux ?… Comme il me regarde !… Va-t-en, va-t-en loin d’ici, vilaine bête !…

Mais elle n’y comprenait rien, et c’était vainement qu’elle l’interrogeait le matin. Le pauvre Kaour était bien malheureux.

Un jour, il crut avoir trouvé un bon moyen de se délivrer de son cauchemar. Il rougit au feu le galet sur lequel il s’asseyait, puis il le remit à sa place, comme si de rien n’était. Quand le Teuz