Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/197

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gueule grande ouverte, et les yeux rouges et brillants comme la braise. Tous les convives, saisis d'épouvante et d'horreur, se levèrent précipitamment de table et s'enfuirent. Gwilherm poussait des cris affreux et appelait ses amis à son secours ; mais tous s'éloignaient de lui avec horreur. Quand il essayait de se débarrasser avec ses mains du monstre hideux, il se mettait tout le visage en sang et souffrait horriblement. Alors, resté seul, il rentra en lui-même et se dit :

— Ceci est une punition de Dieu, pour la dureté avec laquelle j'ai traité mon père et ma mère. Dans ma maison, il y a un grand repas, et, à quelques pas d'ici, ils souffrent de la faim. J'ai bien mérité ce qui m'arrive !...

Il alla trouver le curé de sa paroisse, ayant toujours le crapaud collé sur son visage, et se confessa à lui. Le prêtre fit son possible pour exorciser le démon (car ce crapaud était un démon) et le forcer de lâcher prise ; mais ce fut en vain. Quand il récitait des prières et des oraisons, et aspergeait le monstre d'eau bénite, il se gonflait, ouvrait une gueule énorme et faisait souffrir horriblement sa victime, qui poussait des cris effrayants. Voyant cela, le prêtre dit à Gwilherm :

— Il vous faudra aller jusqu'à notre Saint-Père le pape, à Rome, car lui seul peut vous délivrer de ce démon.