Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/204

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la même chose, puis tous les jours et toutes les nuits. Il n’en dormait ni ne mangeait plus. Il devint triste et soucieux, et maigrit d’une manière effrayante. Enfin, il se décida à aller trouver un prêtre et à lui avouer tout en confession. La mouche le suivit jusque dans le confessionnal, et le prêtre entendait son bourdonnement, sans la voir. Quand il eut fait l’aveu de son crime, le confesseur lui dit :

— Cette mouche doit être l’âme de Hervé Kerandouf ; demandez-lui ce qu’elle vous veut, et faites comme elle vous dira de faire.

Et Caboco demanda à la mouche :

— Dis-moi, mouche, pourquoi tu me poursuis de la sorte, sans me laisser un instant de repos, ni le jour ni la nuit. Que veux-tu ? Parle, si tu le peux, et je ferai ce que tu me demanderas.

Et la mouche répondit :

— Il me faut ma revanche de l’assassinat de la côte de Berlinkenn ! Le premier morceau de pain que tu mangeras à la Roche-Derrien, où nous devions dîner ensemble le jour de la foire, sera cause de ta mort.

— Holà ! pensa alors Caboco, on ne me verra pas de si tôt manger du pain, ni même autre chose, à la Roche-Derrien !

Il avait dans la ville de la Roche-Derrien un oncle assez riche, qui mourut peu après ceci, sans