Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/23

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avec un tel compagnon, et il retourna à Kérisec’h. L’inconnu le suivit. Comme ils allaient à travers les terres de la ferme, ils aperçurent dans un champ des pelles et des marres abandonnées sur les sillons par les domestiques, qui étaient allés dîner. L’inconnu prit une pelle et se mit à fouir la terre, et il mit à nu un crâne et d’autres ossements humains ; il fit un second trou, un peu plus loin, et y trouva encore un crâne et des ossements humains ; enfin, dans un troisième endroit il trouva la même chose. Le vieil ermite était effrayé de ce qu’il voyait.

— Que signifie tout ceci ? demanda-t-il.

— Ce que vous voyez, mon père, lui répondit l’autre, n’est autre chose que les ossements de trois hommes qui ont été assassinés et enfouis ici par le fermier de Kérisec’h, celui-là même que vous croyiez être un honnête homme.

— Est-ce possible, mon Dieu ? s’écria le vieillard.

— Cet homme, reprit l’inconnu, n’avait pas tué, il est vrai, le marchand que vous avez vu assassiner, du seuil de votre ermitage ; mais il n’en était pas moins un grand criminel, comme vous le voyez, et c’est justement que Dieu a permis qu’il fût mis à mort. Retournez donc à votre ermitage ; continuez de prier et de faire pénitence, sans essayer de pénétrer les desseins secrets de