Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

conseil, et je veux mourir ici. Mais le soleil est déjà couché, et vous ne trouverez pas à loger dans les environs ; restez donc passer la nuit avec moi ; je partagerai avec vous, de bon cœur, le peu que j’ai : du pain d’orge, quelques racines d’herbes et de l’eau claire.

Ils passèrent la nuit avec l’ermite de la lande. Le repas fut des plus frugals ; il y eut pourtant un peu de vieux vin, pour terminer, dans une belle coupe d’or, qu’on se passa de main en main.

Le lendemain matin, les deux voyageurs se remirent en route. Chemin faisant, l’inconnu retira de sa poche la coupe d’or de leur hôte, qu’il lui avait dérobée pendant la nuit, et la montra à son compagnon.

— Comment ! s’écria le vieillard, tu es donc aussi voleur ? Pourquoi as-tu pris sa coupe d’or à ce pauvre ermite, puisque c’était là toute sa joie et tout son bonheur ?

— C’est précisément à cause de cela, mon père. Il était trop heureux et trop orgueilleux de posséder une si belle coupe, et son esprit n’était occupé que d’elle, même quand il priait ; de plus, il y buvait trop souvent et s’enivrait presque tous les jours, car il ne manque pas de vin, bien qu’il ne nous en ait donné que très-peu, et il aurait été damné à cause de sa coupe.

L’ermite ne voulut pas continuer de voyager