Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/238

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route ; et François battit le briquet, et ils allumèrent leurs pipes.

— Vous allez vous marier avec Françoise Kergoz, dit alors le vieillard.

— Comment savez-vous cela ? demanda François, étonné.

— Tout le monde ne le sait-il pas dans le pays ? Eh bien ! mon garçon, laissez-moi vous donner un conseil, et suivez-le, et vous vous en trouverez bien : n’épousez pas Françoise Kergoz, mais sa sœur Jeanne.

— Je ne puis pas faire cela ; je fais la cour à Françoise depuis longtemps, et je l’aime. Tout le monde le sait dans le pays, comme vous l’avez dit, et on trouverait bien étrange de me voir épouser sa sœur. Et puis, c’est Françoise et non Jeanne que j’aime ; c’est une honnête fille, et il n’y a rien à dire sur son compte, je pense ?

— Non, jusqu’à présent ; mais il n’en sera pas toujours ainsi, car cette jeune fille est née sous une mauvaise planète, et elle a une terrible destinée : elle sera sept ans absente de son pays, et aura sept enfants bâtards, avant d’y revenir.

— Comment pouvez-vous parler de la sorte d’une jeune fille d’une conduite si exemplaire ? Dieu seul connaît ce qui doit arriver. Et puis, quand elle sera ma femme, elle n’aura pas d’enfants bâtards.