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ni lire ni écrire, il emportait à l’église un jeu de cartes, qui lui tenait lieu de livre de messe.

Un dimanche, à la grand’messe, son capitaine l’ayant remarqué tenant ses cartes à la main et les mêlant, comme pour jouer, lui fit dire de les mettre dans sa poche et de ne plus les faire voir. Mais Pipi n’en tint aucun compte et continua de mêler ses cartes, comme devant. Aussi, la messe terminée, le capitaine dit-il au soldat désobéissant :

— Vous ferez huit jours de salle de police, pour avoir joué aux cartes à l’église, pendant la messe.

— Me permettez-vous, mon capitaine, lui demanda Pipi, de vous faire connaître mes raisons ?

— Parlez, lui répondit le capitaine.

— Je ne sais ni lire ni écrire, mon capitaine, et ces cartes, qui m’ont été données par un vieux soldat, lequel m’a aussi appris à m’en servir, me tiennent lieu de livre de messe.

— Un jeu de cartes servir de livre de messe Expliquez-moi comment cela peut être, je vous prie.

— Voici, mon capitaine.

Et prenant un as dans le jeu : — L’as, que voici, me rappelle qu’il y a un Dieu, un Dieu unique, créateur du ciel et de la terre.