Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/252

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Jeanne donnait, cette fois, et Jean aussi, et ils n’entendirent rien, ni l’un ni l’autre.

Le lendemain matin, leur père leur dit :

— J’ai un petit voyage à faire, mes enfants, et il faut que vous veniez avec moi tous les deux.

Jeanne, qui se doutait bien de quoi il s’agissait encore, se dit : — Nous sommes perdus, cette fois, car il n’y a plus d’étoupe !

Cependant, au lieu de manger le pain de son déjeûner, elle le mit dans sa poche, et, quand ils furent dans le bois, elle l’émiettait par où elle passait, pensant qu’elle retrouverait ainsi son chemin, comme la première fois. Mais bientôt elle n’eut plus de pain, la pauvre enfant ! La nuit vint, et ils se couchèrent encore sur la mousse, au pied d’un arbre, pour attendre le jour. Jeanne se promit bien de ne pas dormir ; mais, hélas ! elle était si fatiguée, qu’elle finit par succomber au sommeil. Quand le père vit qu’ils dormaient tous les deux, il partit tout doucement, comme la première fois, et lorsque les enfants s’éveillèrent, au matin, ils se trouvèrent encore abandonnés. Ils essayèrent de retrouver leur chemin ; hélas ! ce fut en vain, car les oiseaux avaient mangé les miettes de pain semées par Jeanne sur son passage, et il n’en restait plus aucune trace. Ils errèrent toute la journée dans le