Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/251

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crains rien, car je saurai te ramener à la maison ; tu verras.

Et en effet, grâce aux flocons d’étoupe qu’elle avait accrochés aux buissons, elle retrouva facilement son chemin, et ils arrivèrent à la maison, vers le soir, portant chacun un fagot de bois sec, qu’ils avaient ramassé dans la forêt. Le père et la mère furent étonnés de les revoir, et la mère ne put s’empêcher de s’écrier :

— Dieu soit loué, les voilà revenus !

Et elle les embrassa tendrement.

Le père dit aussi, mais non de bon cœur :

— Je suis heureux que vous ayez pu trouver la route pour revenir, mes enfants ; je me suis éveillé au milieu de la nuit, et ne vous voyant plus à mes côtés, j’ai craint que les loups vous eussent enlevés, et je me suis mis à votre recherche : où donc étiez-vous ?

— Tais-toi, mauvais père ! lui dit sa femme ; tu n’en seras pas plus riche pour cela.

Environ quinze jours plus tard, une nuit que les deux époux se chauffaient auprès du feu, les enfants étant couchés, l’homme dit encore :

— Nous ne pouvons pas vivre comme cela ! Il n’y a pas à dire, il faut prendre quelque mesure ! Demain matin, je retournerai au bois avec les deux aînés.