Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voulut l’épouser. Son père et sa mère n’y mirent pas obstacle, et les noces furent célébrées, peu après, avec beaucoup de solennité.

Cependant le jeune époux fut appelé, sans tarder, à la cour du roi, à Paris, car son rang l’obligeait à être auprès du roi. Il partit à regret, laissant sa femme chez son père, car il ne voulait pas paraître à la cour avec une femme sans bras.

Au bout de neuf mois de mariage, Jeanne mit au monde deux jumeaux, un garçon et une fille, deux enfants superbes. On dépêcha un messager, avec une lettre, pour annoncer l’heureuse nouvelle au père. C’était au plus fort de l’hiver. Le messager devait passer à la porte du château où demeurait le frère de Jeanne. La femme de Jean le vit de sa fenêtre, et elle lui demanda :

— Où allez-vous ainsi, mon brave homme ?

— Je vais à Paris, porter une lettre à mon maître, pour lui annoncer que sa femme est heureusement accouchée de deux beaux enfants.

— Ah ! oui, vraiment ! Mais entrez un peu, pour vous chauffer et boite un verre de vin ; le temps est si froid ! cela vous donnera du courage pour marcher, car vous n’êtes pas près de Paris, ici.

Le messager entra, et la méchante femme lui donna un soporifique, qui le plongea dans un