Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/325

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fils ; mais l’arme éclata entre ses mains et le tua lui-même.

Comme Goulven était fils unique, le voilà à présent très-riche. Il fit enterrer son père avec toute la pompe et la solennité que demandait son rang, puis il alla chercher sa femme à Tréguier, pour la ramener au château. Mais, hélas ! il était loin de prévoir ce qui l’attendait à Tréguier : Lévénès était partie avec un beau capitaine, emportant tout ce qu’il y avait d’argent dans la maison. Ils étaient allés à Rennes, où le capitaine avait son régiment. Goulven en éprouva une très grande douleur, car il aimait sa femme. Après l’avoir vainement cherchée dans tous les pays, de désespoir il résolut de se faire soldat, et il alla à Rennes pour s’enrôler. Sans le savoir, il entra comme simple soldat (il ne voulait d’aucun grade) dans le régiment du capitaine qui avait enlevé sa femme. Il s’y lia avec un vieux grognard qu’on appelait Ancien-la-Chique, et qui était un honnête homme et un soldat exemplaire. Comme Goulven avait de l’instruction et du savoir-vivre, le capitaine le prit pour secrétaire ; il demanda que son ami Ancien-la-Chique devînt aussi domestique du capitaine, ce qui lui fut accordé.

Dès que Lévénès vit son mari, elle le reconnut, et elle dit, tout effrayée, au capitaine :