Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/326

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— Nous sommes perdus ! Savez-vous qui est votre secrétaire ?

— Non, vraiment, Qui donc peut-il être, pour vous effrayer de la sorte ?

— C’est mon mari !…

— Votre mari !... Ce n’est pas possible !...

— C’est lui, vous dis-je, et il faut nous débarrasser de lui sur le champ. Voici comment il faudra s’y prendre. Vous inviterez vos amis à dîner demain, et vous inviterez aussi votre secrétaire. Ma femme de chambre lui glissera adroitement un couvert d’argent dans sa poche, pendant le repas, et il sera arrêté comme voleur et condamné à être fusillé.

Le capitaine approuva ce plan. Il fit les invitations sur le champ, et le secrétaire écrivit les lettres. Quand il les eut terminées, le capitaine, pour lui témoigner sa satisfaction, l’invita aussi verbalement. Il s’excusa d’abord, disant qu’il ne lui convenait pas, à lui simple soldat, de manger avec ses chefs. Mais, cédant enfin aux instances du capitaine, il accepta, à la condition que son ami Ancien-la-Chique serait aussi du repas, ce qui lui fut accordé.

Quand Goulven reconnut sa femme, assise à table à côté de son capitaine, le sang lui monta à la tête, et il faillit éclater ; mais il se contint, remettant sa vengeance à un moment plus opportun.