Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/328

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soldat résolut de passer la nuit au pied de la tour.

Comme il était là à pleurer et à se désoler, il vit venir à lui une petite vieille, appuyée sur un bâton, qui lui demanda :

— Qu’avez-vous à pleurer de la sorte, mon pauvre homme ?

Ancien-la-Chique lui conta tout, et elle lui dit :

— Eh bien ! si ce n’est que cela, consolez-vous, et faites comme je vous dirai, et vôtre ami vous sera encore rendu. Demain matin, il sera fusillé, comme on vous l’a dit, puis on l’enterrera. Quand la nuit sera venue, vous vous rendrez dans le porche de l’église, et vous trouverez là, dans un coin, une herbe que j’y aurai déposée. Vous prendrez cette herbe et irez alors déterrer le corps de votre ami. Quand vous l’aurez retiré de la terre, vous lui mettrez cette herbe sous le nez, et, au bout de quelques instants, il étenuera et reviendra à la vie. Vous vous enfuirez alors en Angleterre, sans perdre de temps.

Ancien-la-Chique remercia la vieille, qui se retira au même moment.

Le lendemain matin, Goulven fut retiré du cachot, pour être fusillé. Ancien-la-Chique le suivit en pleurant. Il reçut trois balles dans le cœur et fut enterré sur le lieu même. Vers minuit, son vieux camarade se leva, sans