Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/329

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faire de bruit, prit une bêche et alla le déterrer, muni de l’herbe qu’il trouva dans le porche de l’église, comme le lui avait dit la vieille femme. Quand il eut retiré le corps de la terre, le voyant roide et glacé, il douta de la possibilité d’y ramener la vie. Il lui passa cependant l’herbe sous le nez, et il remua ; la seconde fois, il éternua, et la troisième il ouvrit les yeux et dit :

— Comme j’ai bien dormi !

— As-tu souffert ? lui demanda son vieux camarade.

— Souffert? Non, vraiment ; j’ai fait le plus beau rêve du monde, et je me trouvais on ne peut plus heureux où j’étais.

Il ne se rappelait rien de ce qui s’était passé : Ancien-la-Chique lui raconta tout, et alors, sans perdre un moment, ils se dirigèrent vers la mer, s’embarquèrent et passèrent en Angleterre. Arrivés là, Goulven s’engagea dans l’armée du roi des Anglais, et Ancien-la-Chique retourna en France, à son régiment.

Goulven était un soldat exemplaire, et son capitaine anglais l’aimait beaucoup. Cela excita la jalousie des autres soldats, et ils cherchèrent les moyens de le perdre. Il y avait dans la ville de Londres, non loin du palais du roi, une vieille église où l’on mettait un factionnaire toutes les nuits ; et tous les matins, quand on venait pour le