Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/336

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Quand l’heure de minuit approcha, Goulven se coucha à plat ventre, au côté gauche de la dalle, et attendit. Au premier coup de minuit, il entendit un bruit épouvantable sous terre, puis la dalle se souleva et la princesse parut au milieu des flammes, comme à l’ordinaire. Goulven saisit lestement sa pantoufle de fer rouge, qui lui brûla la main, et la précipita dans l’abîme. Aussitôt les feux s’éteignirent, le gouffre se referma et la princesse cessa de souffrir et s’élança au cou de son sauveur, en s’écriant :

— Ah ! que Dieu te bénisse, car tu m’as sauvée du feu et des tourments de l’enfer ! Je suis la fille du roi d’Angleterre. Viens avec moi trouver mon père, pour qu’il me donne à toi pour épouse et te mette sur la tête sa propre couronne, la couronne d’Angleterre !

Et ils se rendirent ensemble auprès du vieux roi, qui fut si heureux de revoir sa fille, qu’il croyait perdue pour jamais, qu’il en pleura de joie. Il mit la main de la princesse dans celle de son sauveur, posa sa couronne royale sur la tête de celui-ci, et donna l’ordre de sonner toutes les cloches de la ville, en signe de réjouissance, et de faire immédiatement les préparatifs de la noce. Il y eut des festins, des fêtes et des réjouissances publiques, dans tout le royaume, pendant un mois entier.