Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/346

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que je n’aime pas à voir maltraiter les animaux[1].

— Je ne sais, dit le vieux Talec, si jamais les animaux ont été des hommes, et je n’ai pas grande confiance en ce que vient de nous dire Jolory là-dessus ; mais ce que je crois davantage, c’est qu’ils parlent en effet la langue de l’homme, durant la nuit, ou du moins une partie de la nuit de Noël, et voici ce que j’ai entendu raconter à ce sujet.

À Kerandouff, en Plouaret, on était une nuit — précisément une nuit de Noël — réunis autour du feu, comme nous le sommes ici, et l’on parlait de choses et d’autres, en attendant l’heure d’aller à la messe de minuit. Quelqu’un ayant dit aussi que les animaux parlaient, cette nuit-là, la langue de l’homme, Ervoanic Hélary, l’incrédule et le vantard, qui se trouvait là, se mit à rire et à se moquer de celui qui avait parlé de la sorte, prétendant que tout cela n’était que mensonges, histoires de bonnes femmes et de commères, qui ne méritaient pas qu’on y fît attention. « Au reste, ajouta-t-il, bien que je n’aie aucun doute à ce sujet, je veux aller m’enfermer, cette nuit même, dans l’étable aux bœufs, et s’ils

  1. J’ai entendu réellement émettre cette opinion, et en ces termes, par un paysan breton complètement illettré.