Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/365

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bien à une lieue du bourg de Plouaret, et l’hiver, il faut en partir avant le jour, pour n’être pas en retard à la première messe. Marianna s’habilla donc à la hâte, trempa son doigt dans le bénitier, fit le signe de la croix et partit. Elle crut aussi inutile de s’informer si le domestique dont c’était le tour d’aller à la messe matinale, afin de rester ensuite à la maison pour soigner les bestiaux, était parti. Il faisait un clair de lune magnifique, un temps sec et froid, et elle hâtait le pas, courait parfois et se disait : « La messe sera sûrement près de finir quand j’arriverai ; j’aurai honte à entrer si tard dans l’église… tout le monde me remarquera. »

Elle ne rencontrait personne sur sa route, ce qui la confirmait encore dans sa pensée qu’elle était en retard. Elle avait dépassé Lanwika et Rosanc’hlan ; elle arrivait au bourg de Plouaret, et elle n’avait encore vu personne. Dans son trouble et sa préoccupation, elle ne remarquait pas que toutes les portes étaient fermées sur la route et dans le bourg. Quand elle entra dans le cimetière seulement[1], elle vit du monde ; elle en vit même beaucoup, et tous, hommes et femmes, entraient pêle-mêle dans l’église, ce qui fit penser à Marianna : « Je me suis tant hâtée, que je ne serai

  1. Le cimetière était alors autour de l’église.