Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je ne puis vous loger, pauvres pèlerins, leur répondit-elle.

— Au nom de Dieu, ayez pitié de nous ; nous sommes rendus de fatigue ; le temps est mauvais, et il nous faudra coucher dehors, si vous refusez de nous recevoir, car nous avons frappé vainement à presque toutes les portes du village.

— Je vous plains de tout mon cœur, et je vous recevrais volontiers ; mais mon mari est absent, et je crains qu’il ne soit pas content, quand il rentrera, car il n’aime pas les moines.

— Vous nous mettrez quelque part où il ne nous verra pas, sur votre grenier, si vous voulez ; nous ne sommes pas difficiles, et nous partirons demain, au point du jour, avant que votre mari soit levé.

— Entrez alors, mes bons moines, car vraiment j’ai pitié de vous.

Les moines entrèrent ; la femme leur fit un peu de soupe, à la hâte ; puis ils montèrent sur le grenier.

Tard dans la nuit, le cordonnier rentra, ivre et faisant grand bruit. Il ne trouva rien de bon de ce que sa femme lui présenta à manger, et il lui jeta les plats à la tête et se mit à la battre.

Le jeune moine, qui dormait, s’éveilla à ce bruit, et, oubliant qu’il devait garder le silence, il demanda à haute voix à son compagnon ce que