Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

votre douleur. Hélas ! je suis moi-même aussi affligé que vous, et c’est pourquoi j’ai pitié de ceux qui souffrent.

— « Hélas ! seigneur, dit-elle, mon mari est mort ; je l’ai enseveli, depuis trois jours ; mais, comme je n’ai pas d’argent, le recteur refuse d’enterrer son corps en terre bénite.

« J’ai creusé une fosse dans mon courtil, pour enterrer enfin le corps de mon mari, et ce qui me navre surtout le cœur, c’est que je n’ai rien pour faire dire des messes pour son âme ! »

Alors le jeune homme se mit à pleurer avec la femme, et son cœur faillit se briser de compassion.

— « Femme, dit-il, pauvre femme, prenez patience, et espérez en Dieu ; il ne vous abandonnera pas.

« Il est le père des orphelins et des veuves ; recommandez à sa miséricorde et votre mari et vous-même. Chassé par mon propre père de la ville de Quimper, dans ma douleur amère, c’est ce que j’ai fait moi-même.

« Continuez de servir Dieu ; voici trente écus que je vous donne, pour que vous puissiez faire enterrer votre mari ; avec ce qui vous en restera,