Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/64

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ange, un beau piler[1] pour le consoler. Ô miséricorde digne de nos louanges !

Quand il eut ainsi passé cinq ans dans cette île, saint Corentin parla de la sorte à son ami :

— « C’est pour la dernière fois que je vous donne à dîner ; la nuit prochaine, vous souperez dans votre propre maison. »

Puis le saint prélat lui fit ses adieux. Il se mit alors à pleurer avec une douleur sincère et à dire :

— « Adieu, mon père, adieu, mon bienheureux père ; je vous remercie mille fois. Quand pourrai-je vous revoir ? »

Environ trois heures après, il vit venir un vieillard, qui marchait sur la mer comme sur la terre ferme, et ce vieillard lui dit :

— « Que me donnerez-vous, et, avec l’aide de Jésus-Christ, je vous tirerai de là ?

— « Je promets de donner à Dieu et à vous-même, mon ami, mon manoir et tout ce que je possède ; voici cinq ans que je n’ai vu ma femme,

  1. Je ne sais ce que peut signifier ce mot piler. Je trouve bien dans les dictionnaires bretons : le Catholicon de Lagadeuc, Dom Le Pelletier et Troude, piler, pilier, colonne ; mais est-ce bien cela ? Je ne le crois pas.