Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/101

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histoires de revenants et d’apparitions nocturnes, des contes merveilleux, des gwerziou anciens et des soniou nouveaux. »

— Mais, nous t’avons déjà conté à peu près tout ce que nous savons, dit le vieux Gorvel : — veux-tu donc que nous recommencions à te refaire les mêmes récits, pour que tu nous traites de vieux radoteurs ?

— Non pas, Gorvel, vous n’avez pas vidé votre sac, mon vieux, quoique vous en disiez, et je ne vous tiens pas quitte. Mais ce n’est pas à vous que j’en veux, ce soir ; c’est à Pipi Ar Morvan, qui est encore notre débiteur. Il faut qu’il achève de payer sa dette, ce soir, car je le connais solvable, et ne lui laisserai paix ni trève que quand il aura payé. Ainsi donc, Pipi, à toi la parole ; et c’est une histoire de revenant qu’il nous faut. Nous connaissons suffisamment tes exploits africains et ta prise de Constantine, et tu nous les conteras encore plus d’une fois.

— Il n’est pas besoin de tant de prières et de précautions oratoires, dit Pipi ; tu sais bien que je ne suis pas homme à faire des façons, et que je ne ressemble point à Marianna et à Marc’harit là, qu’il faut toujours prier et supplier pendant une demi-heure pour leur arracher un Gwerz ou un Sône, quoique, au fond, elles brûlent d’envie de faire admirer leur belle voix ; mais, il est de mode de faire toujours un peu de façons.

— C’est bien, mon brave Constantine, je te